Jugez par vous-même: les hits intergalactiques se comptent sur les doigts d' un manchot, si ce n' est peut etre le "Pulse cannon" de Mr Lif aux sonorités stomachales loin d' etre indigestes ou le fameux "The original" de MF Grimm. En guise d' apéritif, Ice O Lator nous sert une intro acérée de scratches incisifs confirmant le potentiel escompté au sein de l' Audiomicid posse, et compensant par ailleurs un mix plutot sobre tout au long de la tape. La face A regorge de boyaux, pardon joyaux, resplendissant d' une morbidité certaine incarnée on ne peut mieux par le doux Necro commencant les festivités aux cotés de Greedy fingers sur un "Brutal styles" qui n' usurpe pas son nom. S' en suit une série de sons défiant les lois de la gravité a savoir le trash "Agony" de Awol one, accompagné des cuts ravageurs de D-styles sur une prod de Daddy kev, notre rescapé infesticon Mike Ladd et Ciao Manhattan sur un "Kingsympathyrodney" aux ondes sinusoidales et le "Megaton B-boy200" d' Alec Empire et El-p (tiré de Handsome boy modeling school), dont les effets sonores n' auraient pas dépareillé sur un shoot' em up Dreamcast. Cannibal Ox se délecte sur un "Life's ill" tumultueux pimenté de coups de synthés a la sauce "Straight off the DIC", tandis que les new-yorkais Sonic Sum nous gratifie d' un "Paste" sur un fond "d'n'b-ien". Crumbs county delight marque décidément l' avènement d' Ozone et Def Jux, Sa majesté Vastaire étant sacrée sur un "His majesty laughter" tout droit sorti de la B.O. d' un film des années folles alors que D-styles confirme sa suprématie (même s'il a quitté les ISP, il reste au centre du groupe Third Sight) quand les BPM ralentissent sur un "Clifford's moustache" pas très religieux...
La face B intitulée "Royal cheese side" n' en est pas moins gustative loin de là, Big Juss, l'autre génie de feu Company Flow accompagné de Mark Spekt, autre talent du label Subverse, nous forcant à ingurgiter de ses épinards neurocérébraux, précédant le dernier maxi de Sonic Sum "Rockets" au sample imparable, l' illustre crew Atoms Family, et un Tes One de Brooklyn, usant de ses cordes vocales jusqu' à l' agonie, sur le "Acts of tragedy" tiré du ep Take home Tes. Les choses s' enveniment franchement avec la présence féminine (quoique ca reste a démontrer) de Jean Grae (aka What?What?) et The Brewin (des Juggaknots) venues remettre les pendules à l' heure pour un "Love venom" (tiré de l'album de Mr Len), à la production que n' aurait pas renié Max Cavallera (leader charismatique du groupe de death métal Sépultura comme tout le monde le sait...). Puis ô surprise: la patte électrique de Mr Oizo en chair et en hertz, nous fait le plaisir de s' atteler au remix magnétique de "We can build you", à la limite de l' interférence (vous êtes priés d' éteindre vos portables pendant la durée du morceau) interprété par les inévitables Vastaire et El-P, tandis que RJD2 des MHz s' accapare du déja excellent "Kill em all" d' Aesop Rock pour un rendu restructuré 10 fois plus musical et travaillé: abouti. Pour conclure, le profane Spoon (dont le morceau est tiré de la compilation Tags of the Times 3) nous offre en avant première le tube de la crypte qui fera secouer plus d' une nonne mystique dans son monastère puis en bon dj et fin cordon bleu de surcroit qu' il est, Ice O Lator nous ressert une dernière louche de turntablism paranormal avec Develop.
Du visuel artisanal, différant quelque peu du canon de la mixtape r'n'b,
à la sélection plus underground que les taupes, c' est un produit
anti-formatage que nous proposent nos créatures idylliques qui rebutera
peut être les néophytes et les rap heads les plus conservatrices
(certaines productions étant quelque peu barrées) mais un régal
pour les amateurs de sons venus d' ailleurs. A défaut d' intégrer
la playlist des Bains Douches (quoiqu' apparemment pour certains...), Crumbs
County Delights s' avère être le présent culinaire le plus
romantique que vous puissiez offrir a votre dulcinée en cette période
de St Valentin. Un plat de luxe.